Tunisie : ce que l’on sait de l’attentat contre la sécurité présidentielle



LE MONDE

Un attentat contre un bus de la garde présidentielle a fait au moins douze morts mardi 24 novembre, en plein centre de la capitale Tunis. L’état d’urgence, qui avait été levé le mois dernier, a été à nouveau décrété et un couvre-feu mis en place de 21 h 00 à 5 h 00 du matin.


A proximité du site de l'attentat contre un bus de la sécurité présidentielle dans le centre de Tunis, le mardi 24 novembre. Au moins douze personnes ont été tuées. CRÉDITS : HASSENE DRIDI / AP

L’explosion s’est produite vers 17 h 15 avenue Mohamed V, l’un des grands axes de la capitale tunisienne, non loin du ministère de l’Intérieur. Au moins douze personnes ont été tuées – tous des membres de la sécurité présidentielle, selon les autorités. Vingt agents ont aussi été blessés, dont au moins un grièvement, selon le ministère de la santé. Un précédent bilan de la présidence avait fait état de quatorze morts, mais il a été revu à la baisse.

Sur le site de l’attentat, une journaliste de l’AFP a pu voir un bus en grande partie calciné. Selon des journalistes du Monde sur place vers 18 heures, de nombreuses ambulances portaient secours aux victimes, et les pompiers et les forces de l’ordre étaient sur place. La tension était extrême ; les forces de l’ordre ont bloqué l’avenue Mohamed V et sécurisé la zone.

La sécurité a été renforcée sur l’avenue Habib-Bourguiba, située à proximité du lieu de l’explosion et où se trouve notamment le ministère de l’intérieur. Plusieurs journalistes ont été agressés par des policiers en civil qui refusaient leur présence sur les lieux.


Mode opératoire encore inconnu

La nature exacte de l’attaque n’est pas connue pour le moment et aucune revendication n’a encore été faite. Selon le porte-parole de la présidence, il s’agit bien d’un « attentat terroriste à l’explosif », sansdonner plus de précisions sur le mode opératoire. Un employé de banque du quartier a affirmé à l’AFP avoir entendu « une forte explosion » et avoir « vu le bus en feu ». Selon l’agence de presse Reuters, qui cite une source proche de la présidence, c’est un kamikaze qui se trouvait dans le bus qui se serait fait exploser. Mais cette information n’est pour l’heure pas confirmée et on ignore encore si l’explosion s’est produite à l’intérieur ou à proximité du bus.

Ce nouvel attentat intervient en plein festival international de cinéma – les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) – dans le centre de la capitale. Son directeur Ibrahim Letaïef a exprimé le souhait des organisateurs de poursuivre mercredi.

Etat d’urgence réinstauré

Dans une allocution télévisée dans la soirée, le chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi, qui a annulé une visite d’Etat en Suisse, a annoncé que l’état d’urgence était réinstauré sur l’ensemble du territoire, pour une durée de trente jours. Celui-ci avait été levé début octobre, quelque trois mois après l’attaque djihadiste contre une station balnéaire près de Sousse, qui avait fait trente-huit morts parmi des touristes étrangers.

M. Essebsi a également proclamé un couvre-feu sur le Grand Tunis « à partir de 21 h 00 et jusqu’à demain 5 h 00 ». Le couvre-feu est en vigueur « jusqu’à nouvel ordre », a précisé le porte-parole de la présidence. Une réunion du conseil de sécurité nationale est prévue mercredi matin, à 10 h 00.

Dans une déclaration unanime, les 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont fermement condamné mardi l’attentat de Tunis, affirmant « qu’aucun attentat terroriste ne pourra détourner la Tunisie de sa marche vers la démocratie et de ses efforts de redressement économique ».

En France, l’attentat a été condamné avec « la plus grande fermeté » par le président François Hollande. « A Tunis comme à Paris, c’est le même combat pour la démocratie contre l’obscurantisme », a-t-il affirmé. Cet attentat montre que « toutes les démocraties sont aujourd’hui dans la cible du terrorisme », a ajouté Manuel Valls, son premier ministre, à l’antenne du « Petit Journal » de Canal+.


Des milliers de Tunisiens dans les rangs de l’EI

La Tunisie a déjà été confrontée à plusieurs attaques djihadistes cette année, dont deux attentats sanglants revendiqués par l’Etat islamique (EI), contre le Musée du Bardo, à Tunis, en mars, et contre un hôtel près de Sousse à la fin de juin, qui ont fait au total soixante morts. Depuis sa révolution en janvier 2011, elle fait face à un essor de la mouvance djihadiste, responsable de la mort de plusieurs dizaines de militaires et de policiers.

La Tunisie fait figure d’exemple en matière de transition démocratique pour d’autres pays ayant vécu le "printemps arabe", tels que la Libye voisine. Plusieurs milliers de ses ressortissants auraient toutefois rejoint les groupes extrémistes armés en Irak, en Syrie et en Libye depuis 2011, ce qui en fait l’un des principaux pourvoyeurs de djihadistes étrangers engagés dans les combats. Plusieurs centaines d’entre eux sont rentrés. Les autorités affirment aussi pâtir de la situation en Libye voisine, où le chaos a permis l’émergence de l’EI. Elles ont entrepris la construction d’un mur frontalier.

Le ministère de l’Intérieur annonce régulièrement des arrestations de djihadistes présumés. Sept femmes accusées de faire la propagande de l’EI ont été récemment arrêtées, tandis que les autorités ont annoncé avoir interpellé une vingtaine de personnes qui planifiaient, selon elles, des attaques contre des hôtels et des « bâtiments sécuritaires ».

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